++Daudelin++

Nature morte

Nature morte

Sans titre

Sans titre

Sans titre

Charles Daudelin : Pionnier de la sculpture abstraite

Cratère

Repos

La liseuse

Émérillon

× ❮ ❯

<strong>Nature morte</strong><BR>1943<BR>Huile sur toile<BR>56 x 76 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Nature morte</strong><BR>1943<BR>Huile sur toile<BR>61 x 48 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Sans titre</strong><BR>1946<BR>Huile sur toile<BR>47 x 40 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Sans titre</strong><BR>1947<BR>huile sur carton<BR>17 x 24<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Sans titre</strong><BR>1967<BR>gouache sur papier<BR>36 x 49 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Charles Daudelin : Pionnier de la sculpture abstraite</strong><BR><i>Céline Attanasio</i><br><BR>gouache sur papier<BR><p>
Le Musée du Bas-Saint-Laurent, en partenariat avec la ville de Rivière-du-Loup, développe depuis plusieurs années le concept d’un Musée à ciel ouvert en offrant aux visiteurs des œuvres sculpturales installées dans les parcs et les jardins de la grande région de la municipalité. Ainsi, lorsqu’il a été question de me pencher sur le travail de Charles Daudelin il m’est apparu comme une évidence d’évoquer les œuvres que le Musée du Bas-Saint-Laurent offre au public en permanence à l’extérieur de ses murs dans son circuit Publiqu’Art Desjardins.</p>
<p>
<em><strong>« Je crois que la sculpture modifie le lieu et qu’il est aussi vrai de penser que ce dernier en a modifié et inspiré le concept*. »</strong></em></p>
<p>
Charles Daudelin a bâti un univers complexe et éclectique, jalonné de marionnettes, d’affiches, de bijoux, de peintures, de sculptures et d’œuvres monumentales qui occupent l’espace public.</p>
<p>
Au cours des années 1960, le Québec connaît un engouement pour l’art public et Charles Daudelin est l’un des artistes précurseurs de cette nouvelle conception de l’espace architectural. Instigateur de l’art public à ses débuts, il n’aura de cesse d’explorer tout au long de sa carrière les possibilités offertes par la manipulation et l’occupation d’un espace public.<p>
<p>
C’est aussi à partir de cette période qu’il se consacre principalement à la sculpture et explore le précepte : « déconstruire pour recréer. » Principe cher à un autre grand nom de l’histoire de l’art, Fernand Léger dont Daudelin fréquenta l’atelier à maintes reprises lors de son séjour à Paris (1946-1948).</p>

<p>
Parmi les différentes œuvres de l’artiste que le Musée du Bas-Saint-Laurent conserve dans sa collection, deux œuvres sculpturales sont présentées en permanence au public. Ces œuvres ont la particularité de ne pas avoir été réalisées par l’artiste explicitement comme un projet d’art public et d’avoir été offertes au Musée par des collectionneurs privés.</p>
<p>
<em>L’Émerillon</em> est une sculpture en acier corten qui se déploiera prochainement en bordure du fleuve. <em>La Liseuse** </em>est quant à elle une sculpture en métal découpé qui prend place aujourd’hui dans les jardins du Musée.</p>

<p>
Comme la plupart des réalisations de Charles Daudelin, ces sculptures appellent à la contemplation et tendent à modifier l’espace où elles se trouvent. Lorsque les grandes plaques en acier de L’<em>Émerillon</em> découperont l’horizon sur le rivage du fleuve, cette sculpture monumentale rencontrera un des éléments récurent de l’œuvre de l’artiste : l’EAU. La couleur de l’acier oxydé donne quant à elle un effet luminescent presque irréel qui transcende la matière brute. D’un point de vue formel, <em>L’Émerillon</em> est l’évocation d’un bateau se référant à notre histoire collective, relayée par un titre qui nous renvoi aux bateaux du deuxième voyage de Jacques Cartier en Amérique.</p>

<p>
La réalisation de cette œuvre au format monumental 5,48 x 3,96 x 2,13 m est une commande du Musée auprès de la famille de l’artiste. Elle a été intégrée au circuit Publiqu’Art Desjardins en 2004. À l’origine <em>L’Émerillon</em> était un trophée en laiton doré de petite dimension conçu en 1986 pour le prix France-Canada du cinéma et de l’audio-visuel. Il ne s’agit donc pas d’une œuvre d’art public, mais comme l’explique bien Gilles Hénault :</p>
<p>
<em><strong>« (…) tes sculptures sont des œuvres de plein air, sous leur double aspect formes et proportions, ce qui fait que la plupart de tes maquettes sont déjà des monuments***. »</strong></em></p>
<p>
La Liseuse est quant à elle une forme anthropomorphe posée au sol. La feuille d’acier rectangulaire est découpée, pliée et semble vouloir sortir de terre. Le personnage paraît couché, appuyé sur son coude droit et en position de lecture. On remarque au centre de cette "dé-composition" et à droite de la liseuse, un livre ouvert qui se détache lui aussi du grand rectangle de métal.</p>
<p>
L’œuvre offre à voir une symbiose entre la femme allongée et le livre ouvert qui s’unissent dans un mouvement dicté par les formes qui se détachent de la plaque de métal. Ainsi, les lignes courbes et sensuelles du motif contrastent avec la matière à l’état brut. Cette œuvre a été réalisée par l’artiste à la fin de sa carrière et révèle admirablement les recherches qui l’ont guidé au cours de sa carrière : lignes épurées, mouvement et interrelation entre les formes extraites de la matière brute. À cela s’ajoute l’inscription sur le livre ouvert : Les Fleurs du M.A.L.**** ; qui repousse l’interprétation première de la forme. À travers ses créations Charles Daudelin explore la matière et l’esprit, et <em>La Liseuse</em> en est une parfaite illustration.</p>
<p>
Des forces éprouvées; la création dans la contrainte</strong></p>
<p>
Charles Daudelin manipule la matière et exploite les forces qui naissent de ces contraintes. L’espace public qu’il investit, impose aussi les siennes. Mais pour l’artiste elles ne sont pas un obstacle à sa création mais plutôt une source d’inspiration :
<em>«Je travaille de plus en plus pour l’architecture et la ville : le lieu impose un concept et ce dernier influence à son tour l’environnement. Ce qui paraît contrainte pour certains me stimule et m’entraîne vers de nouveaux départs****. »</em></strong></p>
<p>
<em>L’Émerillon</em>, deux grandes plaques d’acier élevées dans les airs nous renvoi à l’image d’<em>Éclatement II </em>réalisée sur la place de la gare à Québec et inaugurée le 4 juillet 1998. Les plaques d’aciers de cette dernière semblent en suspension dans les airs par la seule force des jets d’eau. Quant à <em>La Liseuse</em>, c’est à l’image de l’œuvre intitulée <em>Embâcle </em>que nous serons ramenés. Deux concepts près du sol dont l’origine reposent sur une même technique de découpage et de pliage. Cette œuvre située Place du Québec à Paris est née, comme nous venons de le dire, de multiples pliages qui « donnent <strong><em>une importance aux vides qui emplissent l’espace autant que les pleins suggèrent le mouvement*****. </em></strong>» Les dalles semblent se soulever par la contrainte de l’air, comme les volutes de la liseuse semblent être animées de forces qui la poussent à s’arracher de terre.</p>
<p>
Ainsi, pour <em>Éclatement II</em> et <em>Embâcle</em>, mais aussi pour les autres créations de Charles Daudelin, nous ne parlerons pas d’intégration mais plutôt de création d’un espace qui prend forme dans la déconstruction feinte de la matière (métal / bronze / pierre) pour recréer un lieu à la fois contemplatif, de rassemblement et de passage. Les œuvres présentées par le Musée du Bas-Saint-Laurent, <em>La Liseuse</em> et <em>L’Émerillon</em>, bien que non conçues pour les espaces qui les accueillent aujourd’hui, ont leur influence sur ceux-ci et exploitent ces mêmes principes créatifs.</p>
<p>
L’éclectisme des moyens employés rejoint celui des lieux investis par les réalisations de Charles Daudelin sans pour autant s’opposer. Les œuvres qui se déploient dans l’espace public appellent à la contemplation, tout comme le font les œuvres créées pour les lieux de cultes. De cette manière, les forces des éléments contraints évoquent des forces surnaturelles qui transcendent un espace et le révèle.</p>
<p>
Céline Attanasio</strong><br>
Gestionnaire des Collections<br>
Commissaire aux expositions<br>
Musée du Bas-Saint-Laurent</p>
<p><strong>Notes</strong></p>
<p>
<small>*<em>Topologie Structurale </em># 22, Revue Interdisciplinaire de géométrie appliquée aux problèmes de structure et de morphologie en design, en architecture et en génie. Sous la direction de Janos Baracs, avec la collaboration de l’Association mathématique du Québec et de l’Université du Québec à Montréal; 1997; p37.</small></p>
<p>
<small>** Sculpture en métal réalisée par Charles Daudelin en 2000; 182,5 x 244 x 81 cm (72 x 96 x 32 po).</small></p>
<p>
<small>*** HÉNAULT Gilles, <em>Lettre à Charles Daudelin</em>, catalogue de la rétrospective au Musée d’Art Contemporain de Montréal, 1974.</small></p>
<p>
<small>**** Œuvre pensée et exposée à l’origine pour un évènement se déroulant au Vieux-Port de Montréal et intitulé <em>Les bouquinistes.</em> L’inscription Les Fleurs du Mal fait référence à Baudelaire mais est écrite : Les Fleurs du <strong>M.A.L</strong>. , comme un rappel du <strong>M</strong>ouvement pour les <strong>A</strong>rts et les <strong>L</strong>ettres.</small></p>
<p>
<small>***** <em>Topologie Structurale </em># 22, Idem, p28. </small></p><BR><BR>

<strong>Cratère</strong><BR>1971<BR>Bronze<BR>36 x 30 x 7 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Repos</strong><BR>1988<BR>Bronze<BR>17 x 12 x 10,5 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>La liseuse</strong><BR>2000<BR>Acier découpé<BR>182,5 x 244 x 81 cm<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC

<strong>Émérillon</strong><BR>1986<BR>Acier corten<BR>5,48 x 3,96 x 2,13 m<BR>Photo : Musée du Bas-Saint-Laurent<BR><br><br>© Succession Charles Daudelin /SODRAC