C’est à l’été 1945, je crois, que j’ai rencontré Charles Daudelin pour la première fois. Il avait alors la garde des toiles que Fernand Léger remisait à Rouses Point. Le père Maurice Lafond csc l’avait invité à répondre aux questions d’un groupe d’étudiants réunis à l’Île-aux-Noix près de Fort Lennox. Était-ce à cette occasion qu’il nous raconta entre-autre, le grand émoi qu’il avait ressenti marchant à marée basse au creux de cette immense masse qu’est le rocher Percé.
Le jeune artiste savait déjà très bien comment faire voir et apprécier les qualités formelles des sculptures. Il avait entre autre trouvé l’idée d’introduire des copeaux de bois dans le plâtre de ses moulages pour leur donner une texture particulière.
Je ne puis m’empêcher de penser à ces souvenirs lorsque je regarde le petit bronze ajouré où perce une mince tige florale à trois épis de la collection du Musée des beaux-arts du Canada ( Sans titre, 1965).
La sculpture de Charles Daudelin rend toujours compte des grandes forces de la nature. Ses œuvres sont toujours animées d’une présence exceptionnelle.
Jean-René Ostiguy
Historien de l’art et
Ancien conservateur à la section canadienne du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa
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